Le revers coupé

 

 

 

Le bon geste

Introduction

Le revers coupé des débutants et joueurs moyens

 

 

Encore plus que le revers à une main lifté, le revers coupé va être réalisé surtout avec le bras et quasiment pas avec la rotation du tronc. Donc, on évite toute la partie d'optimisation de la puissance imposant une position particulière des jambes par rapport au tronc à la fin de préparation pour optimiser la puissance de rotation du tronc lors de la frappe. Ici, on peut faire un coup simplement avec le bras ; les jambes et le tronc étant en ligne et ne faisant pas de rotation. Donc, la partie technique du geste est assez simple. Ce qui rend le revers coupé assez facile à faire. C'est un coup assez précis, assez pratique, peu fatiguant et assez réactif (on peut se contenter de faire un geste assez racourci pour renvoyer la balle). Donc un coup à posséder.

Mais, ceci est vrai plutot à faible vitesse. Ce n'est pas qu'obtenir un revers coupé rapide soit difficile, mais par contre, à haute vitesse, vu que c'est un coup avec une trajectoire assez tendue (d'autant plus que la vitesse est grande), et donc, proche du filet, il devient plus difficile que pour un coup lifté d'avoir un coup régulier. Et il est moins puissant qu'un coup plat (tout en étant juste aussi régulier).

La prise de revers coupé doit être une prise marteau. C'est la prise qui permet de concilier puissance, maniabilité et effet.

On peut éventuellement utiliser une prise encore plus ouverte qui serait comme une prise de coup-droit eastern (mais utilisée en revers). C'est le genre de prise qui permet, en utilisant la pronation de l'avant-bras, d'imprimer encore plus d'effet et donc, de faire un coup choppé (c'était le revers de Noah). Mais, c'est une prise qui donne moins de puissance à la balle, et qui est moins maniable (donc moins réactive aussi, déjà parce que quand on a naturellement moins de puissance, il faut préparer plus loin, emmagasiner plus d'énergie dans le muscle, etc...). Donc, sauf pour un coup ponctuel, c'est une prise à éviter.

On va choisir en général des appuis en ligne, comme pour un revers plat ou lifté. Pourquoi ? Parce que vu que la trajectoire de la raquette est plus ou moins parallèle à la ligne des pieds, et qu'il n'y a pas de rotation du corps pendant la frappe, si on avait des appuis plus ouvert, comme pour le coup-droit, la distance de réalisation de la frappe sera moindre.

Ici, contrairement au coup-droit ou au service, il n'y a pas de décalage de l'orientation naturelle de la jambe et par rapport au tronc. La jambe arrière garde un angle d'environ 90° avec le tronc.

 

Comme dit plus haut, le revers coupé va être réalisé surtout avec le bras. Il y a moins de problèmes de puissance que pour le revers lifté, puisque le bras descend (il est donc aidé par la gravité) et qu'en plus, il ne s'agit pas tellement d'un coup cherchant à être très puissant. Donc, on est moins dans une situation d'optimisation importante de la vitesse du coup, comme on peut l'avoir avec le revers plat ou lifté ou le coup-droit. Il y a quand même une petite optimisation de la puissance. Mais pas très importante.

Cela dit, bien sur, il faut respecter certains principes, comme le fait de faire une trajectoire de raquette longue, et ne pas préparer ou lancer le coup avec la main déja devant le tronc. Et il faut bien terminer l'accompagnement loin devant.

 

Même si c'est le bras qui intervient essentiellement et qu'il n'y a pas à optimiser la puissance à fond, il faut quand même être capable de l'optimiser un peu. Et à ce niveau, il y a quelques pièges à éviter :

Dans la mesure où c'est un coup qui a l'air de se faire en descendant, on peut avoir tendance à terminer le mouvement avec la raquette très basse. Mais, si on fait ça, on perd de la puissance parce que ça entraine une trajectoire avec une oblique très verticale. On a alors très peu de force de translation vers l'avant. On ne pourra mettre essentiellement que de la rotation dans la balle. Ca n'est pas forcément très gênant sur une balle qu'on veut faire courte si on est déjà avancé dans le court; c'est même une des façons de les racourcir. Mais, ça l'est plus sur une balle qu'on veut renvoyer assez longue et relativement rapide et qu'on est en fond de court. Il faut donc, lors de l'accompagnement, remonter la raquette pour avoir une trajectoire moins verticale et frapper la balle au moment ou cette trajectoire est plus ou moins horizontale (ou disons, est dans une oblique assez proche de l'horizontale).

Il faut remonter la raquette lors de l'accompagnement. Mais, comme évoqué dans les "principes", il ne faut pas faire une courbe trop serrée. Donc, il ne faut pas descendre fortement et rapidement puis remonter fortement. Parce que du coup, on n'arriverait pas à dissiper la vitesse descendante. Et on aurait finalement un coup trop lent, là aussi. C'est un problème qu'on rencontre moins sur le revers lifté ou plat. Parce qu'en général, la préparation, est souvent faite plus basse et la trajectoire monte au lieu de descendre. Du coup, ici, comme la trajectoire est ralentie au moment ou elle va vers l'avant et qu'en plus, elle va vers l'avant pendant un temps très court, on va frapper avant ou après la phase plus ou moins horizontale de la trajectoire. En général, ce sera plutot avant, comme on le voit sur le dessin suivant, ce qui donne un coup trop lent comme sur le dessin précédent. Si on frappait au moment au la raquette est en phase ascendante, la balle irait trop vers le haut. Le tronc pourrait aller vers l'avant pour compenser la remontée du bras (qui, du coup, restera à peu près à la même hauteur). Mais le fait de basculer les épaules en faisant aller le tronc vers l'avant engendre d'autres problèmes qu'on verra un peu plus loin.

Il faut donc faire une courbe plus douce qui permet mieux de dissiper la vitesse étant allée vers le bas. Quelque chose comme le premier dessin. Eventuellement, avoir une courbe un peu plus serrée est possible, sans aller jusqu'à celle du schéma précédent.

Est-ce qu'il faut toujours monter assez haut le bras lors de la préparation ? Ou est-ce qu'il faut adapter la hauteur de préparation à la hauteur de balle ? Je pense qu'on peut préparer plus haut que ce qui est purement nécessaire, mais qu'il faut quand même adapter un minimum la hauteur de préparation. Sinon, sur une balle basse, on risque de faire complètement tomber la raquette avant de la relever. Ce qui fait tomber dans le problème soulevé précédemment.

Il y a également un problème : le bras se déplaçant par la translation du bras et très peu par sa rotation, la vitesse de la raquette est freinée non pas par la rotation du bras, mais par la translation du bras. Du coup, le poignet participe aussi au freinage. Et comme le poignet n'a pas une liberté de mouvement importante, le freinage arrive au bout de la course possible du poignet et le reste de la course de freinage engendre une douleur au poignet. Surtout que le poignet devant être dans une certaine position jusqu'à la frappe, le freinage se répercute dans le poignet sur une distance plus courte, donc, de façon plus intense. Donc, ça limite la vitesse qu'on peut mettre dans le coup. Sinon, on finirait pas avoir mal. On peut limiter ce problème en serrant bien la raquette. Mais, ce n'est pas forcément suffisant. On ne peut donc pas faire aller le bras à toute vitesse comme on peut éventuellement le faire avec le coup-droit. Mais bon, vue la vitesse à laquelle on frappe les revers coupés en général, ça ne pose pas de problème.

Vue de haut

Steffy Graf accompagne loin sur l'avant et sur le coté pour freiner la vitesse acquise jusque à la frappe.

En ce qui concerne l'intensité de l'effet, vu qu'on utilise en général une prise continentale, et donc que l'angle permettant l'effet est déjà naturellement en place, ce sera surtout la vitesse de translation qui l'imprimera. La pronation du bras et de l'avant-bras n'intervient pas ou très peu. Ce qui simplifie encore plus le geste par rapport à d'autres types de coups à effet comme le coup-droit ou le revers liftés.

Il y a un petit danger de frapper avec un angle trajectoire/tamis trop aigu. Dans la mesure où le bras est naturellement dans la position de frapper avec le bon angle, et dans la mesure où on peut avoir envie d'augmenter l'effet, on peut avoir un angle de tamis/trajectoire trop aigu qui peut conduire à des bois ou des coups trop lents. Mais, globalement ça n'arrive pas trop. En général, on va adapter assez facilement et naturellement la position du poignet pour régler l'angle tamis/trajectoire de la raquette.

On pourra imprimer encore plus d'effet (effet choppé), si on utilise une prise plus ouverte (une prise eastern de coup-droit). Cette prise permettra de faire une pronation du bras et de l'avant-bras qui donnera un mouvement dans le sens de la tranche de la raquette. L'avancée du bras, elle, sera faite de telle manière qu'elle servira à donner la force de translation à la balle. Le problème, c'est que ce genre de prise entraine un impact au niveau voir un petit peu en arrière de la hanche avant. C'était la façon de faire de Noah. On ne peut pas le faire devant la hanche avant, parce qu'alors, la direction de la balle va trop vers le haut

Bien sur, tout ce que je viens de dire est dans l'optique de la réalisation d'une balle rapide. Dans le cas d'une balle dont la vitesse est moyenne, pas mal de façon de faire que j'ai décrit comme inadéquates ici, deviennent possibles. Par exemple, la frappe avec la raquette qui fait une trajectoire très descendante est une possibilité si on veut faire une frappe courte, ou ayant plus d'effet. C'est d'ailleurs un des avantages du revers coupé. Il permet d'utiliser pas mal de façons de faire. C'est un coup assez tolérant.

La zone de frappe sur une balle de hauteur moyenne :

Si on veut faire un coup puissant, le problème va être de frapper au bon moment. Or, vu qu'on peut frapper un peu quand on veut (avec des adaptations du mouvement du bras et de la trajectoire de la raquette, bien sur), on peut se poser la question du moment où frapper la balle. Il ne faut pas frapper quand la raquette descend trop, parce que ça enlève de la puissance de translation horizontale et ça donne une trajectoire plus vers le bas. Et il ne faut pas frapper quand ça remonte trop, parce que ça fait diriger la balle vers le haut. Donc, si on veut faire un coup relativement puissant, on va frapper plutot au milieu de la trajectoire, lorsque la courbe est plus ou moins horizontale.

l'endroit de la trajectoire où il faut frapper pour faire un revers coupé puissant se situe plus ou moins dans cette zone

 

Le problème, sur les balles rapides, ça va être surtout la précision. Autant quand on fait une balle un peu lente, c'est un coup assez facile à faire, autant dès qu'on accélère un peu, le coup coupé est plus délicat à faire que les coups liftés. Ceci pour deux raisons : 1) la trajectoire de la balle est très tendue et l'effet a tendance à allonger la trajectoire, donc, la distance entre la balle faute (mise dans le filet ou trop longue) et la balle réussie est assez mince. Alors que le lift, au contraire, passe assez au dessus du filet (trajectoire bombée) et risque plus d'être trop court que trop long (puisque l'effet racourci la trajectoire) ; 2) à cause d'une possible variabilité de la trajectoire de frappe (voir plus bas).

Donc, le revers coupé est un coup facile tant qu'on n'en exige pas trop en terme de vitesse et de variabilité de la technique de frappe. Dès qu'on en exige plus, ça devient moins évident à bien effectuer. On ne peut pas le frapper très fort sinon ça sort. Si on veut un minimum de vitesse, il faut frapper avec une trajectoire très tendue. Donc, avec un risque que ça soit trop bas et que ça heurte le filet. Avec le risque également que ça sorte en longueur à cause de l'effet qui ralonge la trajectoire. Et dès qu'on fait une trajectoire plus haute, on est obligé d'avoir une vitesse très lente, et qui devient de plus en plus lente au fur et à mesure qu'on élève la trajectoire de la balle.

Comme évoqué plus haut, la trajectoire de la raquette est très importante pour rallonger ou raccourcir la trajectoire de la balle. Ainsi que l'angle du tamis. On peut jouer sur le fait de donner une trajectoire plus horizontale pour rallonger la trajectoire, ou plus verticale (vers le bas) pour la raccourcir. Et on peut jouer sur le fait d'avoir un tamis plus fermé pour donner moins d'effet et plus de force de translation et ainsi rallonger la trajectoire de la balle (quand celle-ci est à l'horizontal) ou le fait d'avoir un tamis plus ouvert pour donner plus d'effet et raccourcir la trajectoire de la balle. La vitesse de la raquette aussi permet de varier la longueur.

Variabilité de la trajectoire de frappe :

Ce qu'il faut voir, c'est que contrairement aux coups plats ou liftés, ici, on peut en fait frapper un peu à n'importe quel moment de la trajectoire de la raquette : au début, au milieu, ou à la fin (dans la mesure où on ne cherche pas la vitesse maximum). Ceci en partie parce qu'avec la prise utilisée on peut frapper la balle bien plus en arrière que ce qu'on a l'habitude de faire avec les coups liftés ou plat. Et vu qu'on frappe souvent la balle haute, on peut frapper assez souvent lorsque la trajectoire de la raquette est descendante (alors que pour un coup lifté ou plat, ça n'arrive que sur des balles hautes proches du filet). Et on est incité à cette variabilité, parce qu'il y a un grand nombre de choix possibles et valables quand on fait un revers coupé. On peut faire une balle longue et légèrement coupée, ou une balle courte et choppée, une balle rapide ou pas, etc... Donc, on peut varier les trajectoires de frappe de façon assez importante, rendant ainsi l'exécution du coup assez variable.

Cette variabilité va entrainer une moindre précision et régularité du coup. On fera alors des coups trop longs, ou trop courts, pas assez ou au contraire trop puissants, etc... C'est sur que ça gêne l'adversaire. Mais, ça finit par être gênant pour soi-même également. L'arme des variations se retourne contre soi. On peut même finir par perdre une certaine quantité de puissance à force de faire des balles flottantes ou courtes et basses. Donc, il vaut mieux réduire ou éviter cette variabilité et faire des coups plus standardisés, ne pas alterner trop souvent balle simplement coupée et balle choppée, balle courte et balle longue, mais avoir deux ou trois façons de faire et s'y tenir.

Attention à ne pas tomber dans le piège inverse, et, face à ce problème, vouloir faire une frappe qui soit la même tout le temps, standardiser la frappe. Il y a autant de risque à avoir une trop grande variabilité de geste que d'en avoir une trop grande standardisation. Standardiser la frappe est un avantage si on frappe le revers toujours dans la même situation. Mais si on frappe par exemple un revers coupé de fond de court, la même frappe pour monter au filet va être inadaptée à cette situation, et va entrainer un coup trop long par exemple. Inversement, si le joueur rend sa technique très adaptable aux différentes situations, ça va rendre la technique du joueur trop variable. Du coup, il risquera de faire une frappe inadéquate dans telle ou telle situation. Donc, il y a un dilemne à ce niveau là.

Heureusement, malgré le coté variable, la relative facilité de frappe permet de ne pas faire trop de faute si on ne recherche pas la puissance extrême. Et le fait de ne pas être obligé de mettre trop de puissance augmente cette facilité de frappe. Surtout qu'on peut faire des balles un peu flottantes de remise assez facilement et qui peuvent quand même ne pas être exploitées par l'adversaire. Donc, les faiblesses du coup sont compensées par certains avantages intéressants.

Donc, dans la mesure où un revers coupé rapide n'est pas évident à réussir souvent, l'amélioration dans ce domaine va venir surtout de l'entrainement et de l'automatisation du coup. Comme c'est un coup qui n'est pas trop difficile tant qu'on ne cherche pas une trajectoire et une vitesse importante, un entrainement faible permettra d'avoir un revers coupé correct, mais pas un revers coupé excellent.