CRITIQUE DU LIVRE DE R.SCHONBORN

"PRATIQUE DU TENNIS"

 

la partie technique ou est traitée le principe des coups - c'est à dire, le cœur de la technique- et très courte en fait (27 pages, de la page 43 à la page 70). D'autant plus courte qu'il y a énormément d'images. En plus, bien qu'il y ait une certaine densité dans le texte, il se disperse en faisant des images un peu couillonnes. Au final, 27 pages de réflexion ou il se disperse et qui contiennent beaucoup de dessins, ça fait peu : 15 pages utiles à tout casser. Et sont des moitiés de pages A4, donc, ça équivaut, au final, à 7,5 pages A4 pleines. Ca ne va pas bien loin. Et encore, une partie des idées traitée se situe, je dirais, en amon du coeur de la technique. Il n'y a peut-etre que deux ou trois idées qui vont vraiment au coeur du sujet.

En dehors de ça, ce sont des analyses plus ou moins intéressantes sur le style du joueur, la concentration, sur des aspects un peu secondaires de la technique (prise de raquette, les divers coups possibles : lift, plat, coupé, slicé), des débats un plus ou moins dépassés sur la technique (boucle ou pas boucle, etc..), ou encore, sur l'application des principes donnés durant les 27 pages aux divers coup possibles (coup droit, revers, service, etc..). Le livre à une certaine densité, une certaine profondeur et un aspect foisonnant qui peut tromper sur sa valeur réelle, mais on s'aperçoit, à la lumière de cette analyse simplement quantitative, que le nombre d'idées traitées dans la partie importante (les 27 pages) n'est pas énorme : une dizaine, à peu près. Enfin, au moins, lui, à cherché à réfléchir (il a abordé pas mal de thèmes et il a remis en cause des idées reçues). Pas comme certains autres.

 

Les idées importantes du livre :

I

"L'intervention du corps ne saurait en aucun cas être l'équivalent du balancement du bras (p51)".

C'est un élément fondamental de la technique puisqu'il s'agit ni plus ni moins que d'utiliser ou non la puissance du corps : par translation ou rotation. Pour lui, ni l'une (translation) ni l'autre (rotation) ne sont utilisables. Pour la translation, il justifie son point de vue en disant que le mouvement du corps n'est pas rapide ou alors, il faudrait courrir vers la balle et la frapper en courrant ce qui ferait perdre beaucoup trop de précision. Sur le deuxième point, il dit que la rotation ne peut etre rapide sans finir comme un lanceur de poids (en tournoyant encore deux trois fois pour dissiper l'énergie accumulée).

Je ne suis pas d'accord. Comme dit dans la partie "principe de technique" du site, il est possible d'imprimer une rotation assez rapide au corps et ensuite de dissiper l'énergie accumulée assez rapidement en transformant la rotation horizontale en rotation verticale. Par ailleurs, cette action s'accompagne d'un basculement du corps vers l'avant qui donne une petite impulsion supplémentaire au bras (en translation). Donc, le corps intervient bien pour une grande partie de la puissance. Comme un plus, ce mouvement du corps permet d'augmenter la distance sur laquelle le bras réalise une trajectoire horizontale, il est très important. C'est bien, cela dit, de mettre l'accent sur l'action du bras, qui est un élément important du problème.

 

II

"Il y a tension du ressort, qui va déclencher le balancement". (p.52)

C'est un des sujets fondamentaux de la technique. Mais là, il ne précise rien, ce qui fait que cette idée est inutilisable. Je suppose qu'il parle de la puissance. Mais, pour un néophyte, qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire la tension du ressort ? Probablement a-t-il compris quel est le moteur de la puissance, mais, le fait qu'il n'insiste pas trop sur cet élément montre, à mon avis, qu'il n'en a pas saisi l'importance, le caractère central pour le joueur moyen ou débutant.

 

III

Le coup sur "les joueurs qui, sans effort apparent, sont capables de communiquer à la balle, une accélération fantastique : Ashe, Nastase, Mandlikova, contrairement aux Connors, Vilas" (p.54), traite d'un vrai problème, mais peut fortement induire en erreur puisqu'il semble ne préconiser que la technique cool en question. Pas très habilement, en plus, vu que les joueurs utilisant la technique sensée être la plus épuisante (Connors, Vilas), sont des joueurs ayant un palmares bien plus impressionnant que ceux qui sont sensés avoir la technique la moins épuisante.

Pour faire rapide, il y a effectivement deux techniques possibles pour accélérer la balle : la methode consistant à frapper la balle tôt, quand elle est basse et donc à laisser tomber la raquette, technique qui demande peu d'effort physique et celle utilisant une trajectoire plus horizontale mais nécessitant plus d'implication physique. Mais, les deux techniques ne sont pas équivalentes en terme de résultats et je pense qu'au bout du compte, la technique cool n'est pas la meilleure (surtout si on se repose uniquement sur elle). Elle permet effectivement de faire des coups très rapides parce que tirés à plat, quand le bras est au maximum de son accélération (et au minimum de son effort), et que la balle vient de rebondir et qu'elle a encore un beaucoup d'énergie cinétique. Et, cerise sur le gâteau, on peut faire un mouvement de pronation du bras qui participe à l'accélération à plat. En plus, souvent, on frappe se genre de balle en étant un peu avancé dans le cours.

Mais, il y a des contraintes fortes. Comme indiqué, il faut frapper la balle quand elle est basse, c'est à dire, soit quand elle vient de rebondir, soit, parce que la surface fait rebondir la balle très basse (sur herbe par exemple). Ca implique une prise continentale. Le problème est que dès que la balle est plus haute, la prise continentale est mise en échec. C'est un coup spécifique pour volleyeur qui veut attaquer le plus possible. Ce n'est en aucun cas la panacée pour n'importe quel type de joueur.

Cela dit, on peut appliquer la méthode même quand on est un joueur de fond de cours, pour faire des coups décisifs. Et je pense que c'est bien ce que faisait Lendl en coup droit. C'est pour ça qu'il avait un coup droit plus puissant que les autres (mais, ça lui était rendu plus facile probablement, parce qu'il était grand, et donc, que la balle lui arrivait plus bas qu'un autre sur le corps). Tandis que les Agassi et consorts doivent faire des gifles très physique pour un résultat moins définitif. Mais, Lendl faisait aussi des coups lifté ou il mettait son énergie (quoique là aussi, il essayait d'économiser, pas bête Lendl).

Et je crois que c'est ce mixe des deux techniques qui rend Sampras si bon. C'est en mixant ces deux technique qu'on peut dépasser les limites de chacunes et ne pas être un simple cogneur incapable de finir vraiment, ou un attaquant incapable de tenir l'échange. Donc, préconiser cette technique comme la panacée qui va permettre de devenir hyper bon, sans décrire les contraintes et à quel type de joueur c'est réservé en priorité, c'est dangereux.

 

IV

Chiffre très intéressant sur la charge que doit subir le poignet va jusque à 25 kg pour un coup de fond de cours et 31 kg pour un service. (p.56)

 

V

"Comme il s'agit de ce que l'on dénomme balistique, toute correction en cours d'exécution se révèle impossible". (p.57)

Tout à fait. C'est un point non primordial, mais important. Il faut que le débutant prenne conscience qu'il ne contrôle rien au moment du coup et que tout vient de ce qu'il a fait avant. Cela dit, on peut tout de même raisonner en terme global de coup (début, fin), et donc, déduire consciemment ce qu'on va obtenir. Au passage, quand le débutant prend conscience qu'il ne peut pas sentir la balle, il finit par comprendre qu'il peut frapper comme une brute et que ça ne changera pas grand chose sur sa réussite.