La rotation du corps, l'appui au sol et l'action des jambes

 

Le mouvement du bras n'est pas le seul élément qui apporte de la puissance au mouvement et de la distance de mouvement. Il y a également la rotation du corps. Celle-ci est un élément fondamental de la puissance.

Ca pose le problème de "comment faire tourner le corps ?".

Si l'ensemble du corps tournait, forcément, ce serait comme une toupie et il faudrait que quelqu'un d'extérieur nous fasse tourner le corps. L'utilisation de la conservation du mouvement angulaire pourrait aider (c'est comme ça qu'un chat tourne sur lui-même quand il tombe). On pourrait donc utiliser les bras pour tourner sans appui. Mais ça ne serait pas très efficace. Donc, il faut qu'une partie du corps ne tourne pas et qu'elle serve de base immobile pour que le reste tourne autour. Forcément, ça ne peut être que la partie qui est en contact avec le sol (puisque c'est le seul élément solide et immobile en contact avec le corps) : les pieds. Ensuite, on peut rigidifier les parties mobiles en contact avec le pied pour ne faire tourner que les parties qui sont plus hautes. Au lieu de faire tourner la cheville ou le genou, on peut faire tourner les anches, ou la colonne vertébrale.

Donc, on se sert de la ou les jambes pour faire tourner le corps. La jambe, ou une partie de la jambe est immobile et le corps tourne autour.

 

Comment faire ? :

Il y a deux façons de procéder possible : soit utiliser les deux jambes pour imprimer le mouvement de rotation, soit n'en utiliser qu'une.

En fait, la plupart du temps, on ne va utiliser qu'une jambe. C'est la jambe arrière qui va servir de base immobile, de moyeu, pour la rotation du corps.

Comment faire tourner le corps sur une jambe ? Au premier abord, ça ne semble pas si simple que ça. Le levier de la jambe à partir du genou et de la hanche ne fait que se lever la jambe. Et si on garde la jambe droite et qu'on essaye de tourner le corps avec, la puissance de rotation et le degré de rotation ne semblent pas géniaux (25° environ). Alors comment fait-on ?

En fait, on va combiner l'utilisation du levier de la jambe arrière (bref, on la déplie) et l'utilisation de la rotation du tronc autour de la hanche reliée à la jambe arrière. Parce que, heureusement, la rotation du tronc autour de la hanche, elle, a un degré de rotation assez important (d'environ 135°).

 

De façon plus précise :

Par ailleurs, on peut obtenir 20° de rotation en plus en pliant la jambe (dans cette position, la cuisse a plus de liberté pour tourner autour du bas de la jambe). Et le bas de la jambe peut tourner de 10° autour du pied.

Qu'est-ce qui va servir de point de référence pour le positionnement de la jambe arrière ? Eh bien, puisqu'elle sert essentiellement à faire tourner le tronc, c'est celui-ci qui va servir de point de référence. Le point de référence va être le tronc dans sa position en fin de préparation (puisque c'est à partir de cette position que le mouvement démarre).

Comme sa position est donnée lors de la préparation (il est tourné à 90° par rapport au filet, pour pouvoir revenir de face lors du mouvement), et que l'angle entre le tronc et la jambe est connu (dans les 55°), on sait donc dans quel sens doit être positionnée la jambe.

Concernant l'angle entre le tronc et la jambe, on va positionner la jambe arrière en faisant en sorte qu'elle soit tournée au maximum par rapport au tronc (donc, celui-ci ne peut plus tourner que dans l'autre sens et possède un degré de rotation maximum). Dans le cas présent, la jambe va faire l'angle le plus aigu possible par rapport au tronc (un angle d'environ 55°). Angle aigu qu'on va ouvrir durant le mouvement. Et comme on plie la jambe et que ça fait gagner quelques degrés de rotation supplémentaire de la cuisse par rapport à la base de la jambe et du pied, la cuisse va, elle, être tournée par rapport à la jambe et faire un angle de 20 ou 30° avec celle-ci.

Donc, la possibilité totale de rotation du tronc dans l'espace pendant le mouvement, va être de 155 ou 165° (135° pour la rotation autour de la hanche + les 20 ou 30° du genou et de la cheville). On peut donc faire plus que de le remettre de face. Mais, en général, la rotation sera plutot entre 90° et 120°.

Si on prend comme point de référence le filet, à la fin de la préparation, on a donc les positions suivantes. Puisque le tronc est à 90° par rapport au filet, et que l'angle entre le tronc et la cuisse est de 55 °, la cuisse va faire un angle de 35 ° avec le filet . Le bas de la jambe, lui, puiqu'il peut être tourné à 30° par rapport à la cuisse (quand celle-ci est pliée) va être positionné à environ 65° par rapport au filet (voir dessin 1).

 

dessin 1

Cependant, puisque la rotation du tronc autour de la hanche peut dépasser 90°, on peut adopter une position de la jambe moins optimisée (dessin 2). La cuisse peut être parallèle au filet de même que le bas de la jambe et le pied. Disons que ça sera un peu moins puissant. Mais c'est un peu plus confortable pour les articulations de la jambe, vu qu'il y a moins de torsions au niveau de la cheville, du genou et également de la hanche. Pour un coup normal, pas très puissant, on peut adopter cette position. Et utiliser l'autre pour les coups les plus puissants.

dessin 2

Pour que la jambe et donc, le corps, soient propulsés vers l'avant, il faut que le bas de la jambe (la jambe arrière) soit penché vers l'avant (à disons 50°, mais, ça peut varier autour de cette valeur ). Sinon, s'il reste vertical, le déploiement de l'ensemble de la jambe ira vers le haut et le corps lui aussi ira vers le haut. D'où l'utilité de plier l'ensemble de la jambe. On peut l'avoir vertical, mais alors, il n'y aura pas de propulsion du corps vers l'avant. Ce qui enlèvera un peu de puissance. Cela dit, l'avoir penchée est presque obligatoire, parce que, sinon, pour l'avoir verticale, il faut que le pied soit collé au sol. Or, lors de la rotation du corps, il faut que le pied décolle pour que la jambe puisse accompagner la rotation du corp. C'est donc mieux d'avoir le pied déjà décollé au départ. Ce qui entraine automatiquement que la jambe penche.

Bien sur, pour que le tronc aille vers l'avant, il faut que lors du déploiement de l'ensemble de la jambe, le bas de la jambe reste immobile (au moins au début du mouvement). La cuisse se projettera alors vers l'avant.

position de la jambe à la préparation

Seule la cuisse a bougé (au moins au départ). Le bas de la jambe reste dans la même position qu'au départ. Le tronc est projeté en avant.

si le bas de la jambe ne reste pas en place mais revient en arrière, l'ensemble de la jambe ne fait que se relever. Le tronc ne fait que se relever.

 

Le mouvement :

Lors du mouvement, on va propulser la jambe vers l'avant en la dépliant et on va entamer le mouvement de rotation du tronc par rapport à la jambe (autour de la hanche). La propulsion de la jambe vers l'avant va permettre de gagner de la puissance de rotation je pense.

 

voici la position de départ d'un coup-droit : épaules à 90° avec le filet, faisant un angle d'environs 80° avec la cuisse et la cuisse faisant un angle d'environ 30° avec la jambe.

Voici la position finale après une rotation du tronc, sans avancée ni rotation de la jambe. Position un peu rare, mais possible sur une balle basse un peu éloignée où on garde la jambe pliée. Je l'ai mis pour qu'on voit que, déjà, entre la rotation du tronc et l'avancée du bras, on a une distance de mouvement importante.

rotation pour un coup-droit

rotation pour un service

 

Un petit détail. Le moyeu qu'est la jambe va, en se dépliant, accompagner le mouvement de rotation du tronc. Il vaut donc mieux, s'il ne l'était pas déjà, que le pied décolle légèrement du sol pendant le mouvement. Sinon, si le pied reste collé au sol, il va rester dans la même position. Il ne va pas pouvoir tourner. Du coup, l'ensemble de la jambe va faire une torsion sur elle-même entre le point fixe du pied et le bloc en rotation du tronc, comme une serviette qu'on tourne sur elle-même. Pour éviter cette torsion qui peut faire mal (quand on arrive au bout de la capacité de torsion de l'ensemble de la jambe), on décolle le pied du sol.

Ainsi, n'étant plus beaucoup en contact avec celui-ci, la jambe continue à tourner dans l'espace, mais sans faire de torsion sur elle-même. Elle suit la rotation du tronc. Il n'y a donc plus de risque de se faire mal en faisant arriver la jambe au bout de sa capacité de rotation avec un mouvement violent. Mais bon, normalement, déjà dans la position d'attente, le pied est décollé. Donc, ça ne doit pas poser de problème.

Une fois complètement tourné autour de la hanche, la rotation du tronc entraine la rotation de la jambe autour du genou et de la cheville. Si le pied reste trop en contact avec le sol et que le tronc tourne plus que ce que le genou et la cheville peuvent tourner, alors, la rotation du genou et de la cheville vont de toute façon s'arrêter une fois arrivés à la fin de leur pouvoir de rotation, mais ça se passera dans la douleur. Répêter ceci trop souvent conduit rapidement à avoir mal. D'ou l'utilité de décoller le pied pour que la jambe puisse accompagner complètement librement la rotation du tronc. En faisant ainsi, en plus d'éviter de se faire mal, on évite de gêner la rotation du tronc.

Dans la même problèmatique, la position du pied avant est importante aussi, parce qu'elle permet, s'il est tourné dans le bon sens, d'accompagner de façon agréable la fin de la rotation du corps, sans torsion de la jambe ou au moins, sans arriver au bout de cette torsion. Mettre le pied avant parallèle au filet, ce n'est pas très bon ; le mettre plus ou moins perpendiculaire au filet, c'est bon, puisque, durant le mouvement, l'angle entre le tronc et la jambe avant passe d'ouvert à fermé et que, dans cette position, au départ, la jambe est presque au maximum d'ouverture de l'angle qu'elle fait avec le tronc. Bref, on utilise la rotation autour de la hanche de la jambe pour finir la rotation et pas la torsion de la jambe (c'est à dire la rotation autour du genou et de la cheville).

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En utilisant cette façon de faire, on va développer une puissance bien plus importante qu'avec le bras seul. Pour certains coups comme le service, la rotation du corps est même à l'origine de 80 % de la puissance du coup. C'est une façon de faire, qui, par contre, va être moins utile pour le revers à une main. Parce que la rotation du corps intervient moins dans ce coup.

On constate par ailleurs que la position des pieds nécessaire pour obtenir une rotation optimum est une position semi-ouverte (pour le coup-droit et le service). Position semi-ouverte qui est la position présentée dans les ouvrages de tennis comme étant la meilleure position.

Donc, puisque les débutants et joueurs moyens 1) ne plient pas tellement la jambe arrière, 2) ne tournent pas beaucoup le corps par rapport à la jambe, 3) ne savent de toute manière pas bien utiliser cette source de rotation et donc, de puissance : ils ne peuvent pas se servir de la rotation du corps comme source de puissance, ou mal et de façon assez chaotique (un coup pas mal, trois coups pas du tout ou peu).

 

Variations :

Un raffinement de cette façon de faire va être d'utiliser les 2 jambes pour tourner. Mais pas forcément en même temps. On va utiliser à moitié les 2 jambes. La jambes arrière va tourner un peu, puis, la jambe avant va prendre en charge la deuxième partie de la rotation du corps.

Il y a encore une troisième possibilité. Il est possible d'imprimer une rotation en l'absence d'appui au sol. En effet, si vous sautez sur place sans essayer d'imprimer de rotation au corps lors de l'impulsion des jambes, vous pourrez quand même faire une rotation du corps à 180°, donc, il n'y a peut-être pas que l'action des jambes qui intervient dans cette histoire de rotation. J'ai lu qu'il s'agissait d'une histoire de conservation du moment angulaire. C'est ce qui fait que quelqu'un qui saute en hauteur peut tourner sur lui même lors d'un rouleau ventral ou qu'un chat peut retomber sur ses pattes en ayant commencé à tomber à l'envers. Dans le cas qui nous concerne, une sorte de déroulé des bras peut éventuellement permettre une rotation du haut du corps. C'est peut-être ce que faisait Lendl avec son coup-droit. Mais ça ne représente pas une puissance très importante.

On peut utiliser aussi le pouvoir de rotation de le colonne vertébrale. Mais, dans la mesure où c'est un organe fragile, il vaut mieux n'utiliser que la rotation autour de la hanche et un peu celles du genou et de la cheville.